Les donations permettent de transmettre de son vivant un bien ou une somme d’argent à un proche. Cependant, il peut arriver que certaines situations entraînent des conflits et amènent à contester une donation. Dans cet article, nous vous proposons un guide complet pour comprendre les enjeux de la contestation d’une donation, les motifs pouvant être invoqués et les démarches à suivre pour faire valoir vos droits.
Les principes généraux de la donation
La donation est un acte par lequel une personne (le donateur) se dépouille volontairement et irrévocablement d’un bien au profit d’une autre personne (le donataire) qui l’accepte. Il s’agit d’un contrat à titre gratuit, c’est-à-dire sans contrepartie pour le donateur.
La donation peut porter sur différents types de biens : immeubles, meubles, sommes d’argent, parts sociales, etc. Elle peut également être consentie entre vifs (de son vivant) ou à cause de mort (par testament). Enfin, elle peut être réalisée en pleine propriété ou en démembrement de propriété (usufruit/nue-propriété).
Motifs de contestation d’une donation
Plusieurs raisons peuvent amener à contester une donation :
- L’incapacité du donateur, qui doit être en mesure de comprendre la portée de son acte et d’exprimer sa volonté librement. La contestation peut être fondée sur l’état de santé du donateur (maladie, handicap) ou sur son incapacité juridique (tutelle, curatelle).
- Le défaut de consentement, notamment en cas de violence, menace, dol ou erreur du donateur. Il convient alors de prouver que le consentement n’a pas été donné librement et volontairement.
- Le défaut de forme, lorsque les formalités légales n’ont pas été respectées. Par exemple, une donation entre vifs d’un bien immobilier doit être constatée dans un acte notarié.
- La violation des règles successorales, comme la réserve héréditaire qui garantit aux héritiers réservataires (descendants et conjoint survivant) une part minimale du patrimoine du défunt. Dans ce cas, la contestation prend la forme d’une action en réduction.
Les démarches pour contester une donation
Pour contester une donation, il est essentiel de respecter certaines étapes :
- Informer le donataire : il est important d’informer le bénéficiaire de la donation des motifs et des preuves sur lesquels repose la contestation. Cette démarche permet parfois de résoudre le conflit à l’amiable, sans recourir à la justice.
- Rassembler les preuves : afin de soutenir votre demande en justice, il est nécessaire de réunir tous les éléments de preuve utiles à votre argumentation (certificats médicaux, témoignages, correspondances, etc.).
- Consulter un avocat : compte tenu de la complexité des règles juridiques applicables et des enjeux financiers souvent importants, il est vivement recommandé de faire appel à un avocat spécialisé en droit des successions pour vous accompagner dans vos démarches et vous conseiller sur les chances de succès de votre action.
- Saisir le tribunal compétent : la contestation d’une donation doit être portée devant le tribunal judiciaire du lieu d’ouverture de la succession. En cas de donation entre vifs, il s’agira du tribunal du domicile du donateur. La saisine du tribunal se fait par voie d’assignation délivrée par un huissier de justice.
Les délais pour agir
Il existe plusieurs délais à respecter pour contester une donation :
- Pour une action en nullité fondée sur l’incapacité ou le défaut de consentement du donateur, le délai est de cinq ans à compter de la découverte du vice.
- Pour une action en nullité fondée sur le défaut de forme, le délai est également de cinq ans à compter du jour où la nullité est encourue.
- En matière successorale, l’action en réduction doit être engagée dans un délai de cinq ans à compter de l’ouverture de la succession ou de deux ans à compter de la découverte du dépassement (si celui-ci est découvert après l’ouverture de la succession).
Il est donc crucial d’agir rapidement pour contester une donation et faire valoir vos droits.
Les conséquences de la contestation réussie d’une donation
Si la contestation d’une donation aboutit à sa nullité, les biens doivent être restitués à leur état initial. Le donataire doit rendre les biens reçus ou leur valeur à la date du jugement, ainsi que les éventuels fruits et revenus qu’ils ont produits entre-temps.
En cas d’action en réduction réussie, le montant de la réduction sera prélevé sur les biens donnés et réintégré dans la masse successorale pour être partagée entre les héritiers. Il convient toutefois de noter que les donations consenties plus de 15 ans avant le décès du donateur ne sont pas rapportables à la succession et ne peuvent donc pas être réduites.
Dans tous les cas, il est important d’être bien informé et accompagné par un professionnel du droit pour défendre au mieux vos intérêts lors d’une contestation de donation.